POUR LE DYNAMISME DE NOS RURALITÉS

Répondre à l’isolement des habitants des hameaux et villages aux alentours de Poitiers en développant des services de proximité, voilà notre objectif. Après la réappropriation des locaux de l’école municipale d’Antigny par une association gestionnaire d’un établissement scolaire privé, notre groupe d’étudiant.e.s s’est lancé le défi d’ouvrir une épicerie collaborative afin de participer au dynamisme du village de 500 habitants.



Le 19 octobre 2021 : aux origines de l’épicerie collaborative d’Antigny
Rentrée 2021, le parcours de quatre étudiant.e.s se croise : l’une revenant d’un stage au sein d’un lycée innovant, la seconde est ambassadrice de l’UNICEF, le troisième est bénévole auprès de l’épicerie solidaire du campus et la quatrième s’engage pour le redynamisme des territoires ruraux. Tout naturellement, leurs ambitions ont convergé à l’aune du questionnaire de Latour et du devoir de réappropriation de l’espace public.
30 septembre 2021 : Réflexion et décision collective.
L’innovation afflux nos villes, mais quand est-il de nos campagnes? Entre isolement géographique et désert humain, nos territoires ruraux asphyxient. Pour y remédier, il s’agit simplement de redynamiser ces territoires. Suite à quelques recherches, nous avons eu vent d’un projet d’épicerie collaborative avorté du fait du manque de personnes capables de mener à bien ledit projet. Ce fut le déclic : nous ouvrirons cette épicerie.
19 octobre 2021 : Rencontre de l’équipe municipale
Après 50 min de voiture entre divers lieu-dits et terrains agricoles, nous avons pu discuter du projet avec les élu.e.s. A l’issue de la commission, le partenariat était établi : le groupe d’étudiant.e.s de l’Université de Poitiers sera responsable de l’élaboration du projet, en partenariat avec la mairie et l’Association Les Renard’Eau d’Antigny.
QUESTIONNAIRE LATOUR
Qui dépend de moi?
L’épicerie solidaire de village que nous voulons implanter à Antigny est un projet monté par des étudiants de Lettres et Sciences Politiques de l’Université de Poitiers dans le cadre d’un cours de numérique et de réaménagement des espaces publics. Partant du constat que les dynamismes ruraux décroîent, nous avons voulu redynamiser le village d’Antigny où Laurine est co-responsable d’une école. Ainsi, en partenariat avec les pouvoirs publics, nous avons pu monter ce projet tout au long de l’année. Après des réunions avec l’équipe pédagogique et administrative de l’école nous avons obtenu l’accord de l’association pour monter notre projet au sein de leur école. La mairie a aussi accepté de donner son aval et de mettre à disposition les lieux de l’école. De ce fait, la mairie et l’école dépendent de notre projet et nous avons essayé de les inclure dans notre processus de réflexion du début à la fin.
De qui dépend-je ?
Le projet associatif mené en collaboration avec la mairie et l’association de parents d’élèves de l’école d’Antigny dépend nécessairement de plusieurs acteurs. L’école et l’association des parents d’élèves en sont deux importants car nous utilisons les locaux de l’école et dépendons des parents d’élèves pour la gestion et la comptabilité de l’épicerie. La mairie, ayant apporté son aval et nous prêtant avec l’école la salle que nous utilisons, est aussi un acteur dont nous dépendons. De ce fait, pour que l’épicerie fonctionne, nous dépendons du bon vouloir des habitants quant aux réelles conséquences sur le redynamisme de ce village. Nous dépendons aussi des acteurs locaux tels que les producteurs qui doivent nous fournir en biens.
Avec qui puis-je m’allier?
Le projet a déjà été monté en grande collaboration avec les pouvoirs publics et associatifs, ainsi de nombreuses réunions ont eu lieu avec l’association de l’école et la mairie pour déterminer les tenants et aboutissants de l’épicerie. Nous devons aussi nous allier avec les habitants et les producteurs d’Antigny afin de dynamiser concrètement le village et de proposer une marchandise appropriée aux habitants.
Et qui dois-je combattre ?
Nous devons faire attention à l’implantation de grandes surfaces ou grandes chaînes, supérettes qui ont délaissé les zones rurales et cherchent à retrouver une attractivité. Nous jouons la carte du local et du circuit court afin de proposer des produits de bonne qualité à moindre coût dans des zones trop souvent délaissées par les pouvoirs publics. Aussi, nous devons faire attention que la mairie ne cherche pas, dans le futur, à changer les termes de notre accord si elle passe sous une autre couleur politique.
Par où commencer?
Nous avons commencé par réfléchir au mieux notre projet en créant plusieurs éventualités de réalisation que nous avons comparées. L’alliance avec l’école et la mairie nous est apparue la meilleure car elle combine faible coût et grande flexibilité – d’autant plus qu’il s’agit de deux entités majeures qui font vivre le village. De ce fait, les processus de réunion et de discussion ont pu commencé et le travail de collaboration, qui nous tient à cœur, a été important.
Qu’est ce que cela améliore ?
Nous avons cherché à améliorer pragmatiquement la vie des habitants d’Antigny qui n’avaient plus aucun commerce de proximité. Nous voulons ainsi créer une fenêtre d’échange et de partage, comme connue auparavant, et proposer des produits locaux de qualité à coût faible. Nous favorisons ainsi les circuits courts et permettons aux producteurs locaux une juste rémunération de leur travail, et aux habitants, une meilleure qualité de vie grâce à la création d’un commerce de proximité.
EVOLUTION DU PROJET
Lieu et question sécurité
Lorsque le projet de l’épicerie collaborative s’est construit, plusieurs hypothèses concernant le lieux et l’emplacement ont émergé. Ainsi, les critères principaux étaient de privilégier le local et les coûts. Trois lieux ont été retenus dans un premier temps avec chacun leurs avantages et leurs inconvénients.
La première hypothèse était la location d’une guinguette privée. Il s’agit d’un chalet privé avec une convention de cinq ans. Il n’est pas encore construit mais une demande d’aménagement est en cours et les bâtiments de France ont accepté sa mise en place. Il serait seulement utilisé de mai à septembre et serait donc exploitable ou louable sur les autres mois de l’année. Cet emplacement est pratique car la structure déjà existante et qu’il n’y a pas d’entretien à prévoir pendant l’été, cependant l’épicerie se retrouve dépendante de leur structure et le budget serait à fixer avec le propriétaire.
La deuxième hypothèse était un local situé à côté de l’atelier municipal. Il était pratique car il a un parking accessible, une structure adaptée pour stocker les denrées et il est visible par tout le village cependant les coûts sont très élevés (5900€), l’entretien de la structure est à la charge de l’épicerie et la structure n’est pas esthétique.
La troisième et dernière hypothèse était la cantine de l’école. Le lieu au sein même de l’école du village et n’a donc pas de coup lié à l’implantation. Les inconvénients que rencontraient cette hypothèse sont le stockage des denrées difficile par le manque d’espace et son utilisation quotidienne par l’école ainsi que le plan vigipirate.
En connaissant et en étudiant ces trois possibilités, la cantine de l’école avait été pré-sélectionnée et l’hypothèse du local communal avait été accepté lors de la première commission du 21 décembre 2021 mais malheureusement des dernières difficultés sont venues se greffer à ce projet. En effet, une dernière commission a finalement refusé l’hypothèse du local et la sécurité de la cantine à été pointée du doigt sur deux points : l’accessibilité pour le troisième âge et le plan vigipirate. La difficulté du plan vigipirate amène à se questionner et se concentrer sur l’autre hypothèse bien qu’elle ait été refusée : le local. Pour permettre de réussir à monter le projet malgré cette difficulté majeure, le local est malgré tout une alternative à creuser.
Organisation
L’épicerie écolière-collaborative serait ouverte tous les vendredi de 15h30 à 18h00, avec la participation des enfants de l’école lors de la première heure. Il s’agirait d’un temps pédagogique pour une partie du groupe maternelle/primaire. Hors du temps de classe, l’épicerie fonctionnerait majoritairement sur bénévolat.
Concernant l’organisation et la gestion des denrées alimentaires, nous fonctionnerions sur le principe de commande. De cette façon, nous n’aurions à stocker que les denrées non périssables et les producteurs seraient quant à eux informés en amont des produits nécessaires et pré-vendus. Une façon de limiter le gaspillage et les risques liés au stockage notamment.
Trouver nos potentiels partenaires (producteurs et produits)
Dans l’idée de la mise en œuvre du projet, il nous fallait trouver les interlocuteurs adaptés qui pourraient fournir les denrées. Dans ce cadre, nous avons donc effectué des recherches pour trouver des partenaires dans la dynamique de ruralité dans laquelle nous avions pensé le projet.
Nos producteurs devaient se trouver dans un périmètre proche pour garder l’idée d’un circuit court et redonner une vitalité au territoire environnant tout en fournissant le nécessaire. Nos recherches se sont donc portées sur les divers producteurs dans la Vienne produisant les différents produits – tout du moins l’essentiel attendu dans ce type de structure – à fournir.
Nous avons abouti à la liste suivante :
Fruits et légumes
- Les jardins de la Gartempe (Saint pierre de Maillé)
- Le paradis des légumes (La bussière)
- Les jardins insolites (Montmorillon)
- Les vergers de la molle (Chauvigny)
Pâtes
- La fabric d’Alice
Œufs
- Ferme de la Bauge
Viandes
- La ferme périvier
- Maison clochard
Fromage
- Ferme Perusse (Saint pierre de maillé)
- Ferme Maras (Chauvigny)
Pain et Farine
- Boulangerie Damien Guenot (Montmorillon)
Savons
- Aux grandes zoreilles (Pindray)
Miel et confiture
- Mr Tardif (Saint pierre de maillé)
- Entre terre et miel : catalogue au pré du poitou
Tisanes et plantes
- Autour des plantes (Migné auxances)
Boissons
- Bières de Montmorillon
Yaourt
- Les prairies de la gartempe (Vicq sur Gartempe)


Cette liste a titre indicatif nous permettait de prendre en compte la diversité présente sur le territoire tout en restant évolutive selon les contacts qui allaient être établis.
Concrétisation du projet : compromis et négociation
Nous nous sommes récemment rapprochés d’un écolieu responsable qui a de l’expérience dans la mise en place de paniers repas sur commande ; un processus qui fonctionne. Le propriétaire serait favorable à une collaboration avec l’association de l’école, ce qui permettrait une mutualisation des producteurs. Suite à la dernière commission municipale qui a mis en lumière l’impossibilité de prendre place au sein du local municipal et en prenant en compte les restrictions liées au plan vigipirate concernant l’école, cette collaboration semble être une alternative à l’épicerie collaborative tout aussi intéressante. Dans cette optique, notre liste de producteurs serait amenée à évoluer en fonction des accords préalablement établis par les Cagouillères et de la forme que prendrait notre partenariat.
De cette façon, nous garderions les valeurs et principes d’origine que sont la mise en place d’un circuit-court et le dynamisme du village en répondant aux besoins de proximité des habitants.