Le Lycée : lieu d’assujettissement

Récemment, de nombreux évènements ont impactés l’institution du lycée, et plus généralement les valeurs que ce dernier défend ; le scandale des “tenues républicaines” obligatoires en son enceinte – propos tenus par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer lui-même – la décapitation du professeur de géographie Samuel Paty dans les Yvelines après avoir montré à ses élèves de 4ème des caricatures du prophète Mahomet publiées par Charlie Hebdo, la crise sanitaire actuelle qui impacte grandement le fonctionnement du second cycle d’études secondaires… Aujourd’hui, le système éducatif français est mis à rude épreuve, et les différentes instances doivent se remettre en question pour assurer l’éducation de leurs élèves, mais aussi et surtout afin d’en garder le contrôle. Comment s’assurer de l’obéissance du corps et de l’esprit de l’élève afin de lui inculquer les valeurs de la république française pour façonner le parfait futur citoyen ? En nous concentrant sur le lycée – à la fois l’établissement et l’institution – nous tâcherons de décrypter cette problématique en nous attardant sur l’historicité du lycée, sur ses méthodes d’enseignement et de sanction et sur les conséquences que peuvent avoir ces dernières sur les élèves concernés.
Le capital lycéen et « l’élite nationale » : origines et historicité
Afin d’analyser les différents mécanismes qui entrent en jeu dans l’impact de la hiérarchie institutionnalisée du lycée sur la construction du “parfait citoyen républicain”, il convient de s’attarder sur ses origines et sur la façon dont il fut pensé.
Car si aujourd’hui tous s’accordent sur le fait que le lycée constitue le second cycle des études secondaires à l’issu duquel on obtient diverses diplômes nationaux comme le BAC, le CAP ou le BTS, le “lycée” désignait en Grèce Antique l’école philosophique fondée par Aristote à Athènes : l’école péripatéticienne, ancêtre de l’université actuelle. Il se composait à l’époque d’un gymnase, où l’on formait son corps par la musculation, ainsi que d’un vaste musée [1]Le musée désignait à l’époque le lieu de culte des muses composé d’une bibliothèque, d’un autel et d’une salle de conférence. Si les philosophes aimaient tant cet endroit, si Platon avait pour habitude d’y enseigner et si le complexe était situé à proximité du temple d’Apollon [2]Apollon était le Dieu grec des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière, conducteur des neuf muses, c’est parce qu’on exigeait au sein du lycée – déjà 335 avant JC – le culte du corps et de l’esprit. En effet, Aristote fit du lycée “une pépinière d’hommes d’État et de conseillers des rois hellénistiques”, sur le modèle de l’académie de Platon, visant à “former une élite intellectuelle et morale apte à diriger des cités, ou du moins à devenir d’influents conseillers politiques”. Les élèves étaient donc formés à penser et influencer le monde. A la mort de son fondateur, les élèves d’Aristote ont répandu les enseignements pédagogiques de ce dernier, exerçant une influence intellectuelle conséquente : ils souhaitaient déjà transmettre les enseignements et les idées – mais l’intérêt pour la politique et la philosophie se perd.
1508-1512.
C’est Napoléon Bonaparte qui va reprendre cette idée de formation “d’élites de la nation” lors de la création de l’institution du lycée que l’on connaît aujourd’hui, le 1er mai 1802. Dans un nouveau gouvernement révolutionnaire français relativement autoritaire – même despotique – les grands services de l’Etat sont réformés par des nouveautés dans le système éducatif. La future élite est soigneusement choisie : exclusivement masculine, elle est gérée par un proviseur et un censeur d’études qui encadrent et éduquent les élèves de la sixième à la terminale et leur assurent un enseignement en lettres et sciences. L’internat est le régime usuel et encadre les élèves de manière très stricte et militaire à l’image du régime de l’époque – le port de l’uniforme, en outre, est obligatoire. Entièrement pris en charge par l’Etat, le lycée s’assure d’organiser un examen d’entrée et son enseignement est payant – élite masculine et relativement riche, donc pour certains privilégiés seulement.
La Loi Falloux du 15 mars 1850 sous la deuxième république n’arrange rien : elle accorde une très – trop – large importance à l’enseignement confessionnel. L’église catholique romaine a désormais la mainmise sur l’organisation de l’enseignement – elle instaure notamment l’éducation morale et religieuse – avec des évêques dans les académies ainsi qu’un curé qui surveille chaque école et peut muter un instituteur à sa guise. Le bon citoyen républicain devient donc obligatoirement chrétien : c’est par l’enseignement qu’on conditionne les futurs décisionnaires du pays – nous en reparlerons Heureusement, certains éléments de cette loi sur l’instruction publique sont abrogés dans les années 1880 : on supprime les représentants du clergé dans l’administration et on supprime la rétribution scolaire [3]Les lycées deviennent peu à peu gratuits entre 1926 et 1930. Le changement de république change les mentalités : il faudra attendre une année de plus avec les Lois Jules Ferry qui rendent l’école gratuite, laïque et l’instruction primaire obligatoire. Les enseignements produits par le lycée éliminent tout contenu religieux de leur programme : on remplace “l’éducation morale et religieuse” par “l’éducation morale et civique”, dans une logique de neutralité de l’Etat. L’élite devient donc moins religieuse et considère d’intégrer les filles à son cercle restreint : la Loi Camille Séé en décembre 1880 institue les lycées de jeunes filles [4]Le premier lycée de jeune fille est créé en 1881 avant la mixité lycéenne dans les années 1960.
Aujourd’hui, le lycée essaie de tendre vers l’inclusivité, même si les discriminations et les disparités persistent et que l’on peut considérer que certains établissements entretiennent encore et toujours cette idée “d’élite” sélectionnée et performante. Au fond, l’on pourrait se demander si ces derniers ne seraient pas les seuls à assumer sélectionner leurs élèves ; finalement, les lycéens seront tous et toutes futurs citoyens et citoyennes, et si l’on n’opère pas de sélection, alors il faut trouver un autre moyen de les façonner à la convenance du régime mis en place – car n’est pas républicain qui veut, tout dépend des critères imposés par celui qui dirige et gère l’institution et l’établissement du lycée. Ainsi, c’est l’Etat qui a la mainmise sur l’institution, et tout établissement dépend de lui. La formation du “parfait citoyen républicain” est ainsi constamment régulée et contrôlée. En effet à échelle individuelle, en plus de l’équipe de direction, du conseil d’administration et des différentes équipes pédagogiques, le lycée est composé notamment du Comité d’Education à la Santé et la Citoyenneté (CESC) – ce dernier a 4 missions principales :
- contribuer à l’éducation à la citoyenneté ;
- préparer le plan de prévention de la violence (notamment tout ce qui relève du harcèlement scolaire, physique et moral) ;
- proposer des actions pour aider les parents en difficulté et lutter contre l’exclusion ;
- définir un programme d’éducation à la santé et à la sexualité et de prévention des comportements à risques.
En outre, ce comité veille à l’instauration et au bon déroulement des mesures ci-dessus dans l’optique de modeler les futurs citoyens en leur inculquant les valeurs républicaines indiquées par le ministère de l’éducation. Ainsi le lycée trouve sa portée élargie : le parcours citoyen viendra s’acquérir au sein de l’établissement, mais également au sein du cadre familial et personnel dans lequel s’immisce ce comité afin que les normes soient bien respectées. On transcende l’institution : la surveillance se fait partout, tout le temps, désormais, et fait naturellement partie du paysage et dans le respects des valeurs de la République. On peut notamment lire sur le site de l’éducation nationale :
« C’est dans une continuité éducative que doit être engagée une démarche permettant aux élèves de développer des comportements de responsabilité individuelle, collective, morale et civique en faisant appel à la sensibilité, à la conscience et à l’engagement de chacun. »
Site du Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports
Le lycée, lieu de contrôle, très peu représenté dans les études sociologiques.
La question du corps à l’école paraît souvent négligée dans la littérature de recherche. Le corps des élèves et le corps des enseignants sont pourtant indissociables des personnes qu’ils incarnent, le corps de l’élève et la sanction imposée par l’enseignant sont liés d’un point de vue anthropologique et sociologique. En effet, la place du corps et son statut au sein de l’enseignement secondaire est intéressant puisqu’il est finalement de moins en moins au cœur des préoccupations scolaires et didactiques. Cette absence de questionnement sur la place du corps à l’école est en elle-même une information significative qui pointe les paradoxes actuels de cet objet de recherche : le corps, ses fonctions, ses attributs.

Mélodie Benoit s’intéresse au rapport au corps d’un point de vue sociologique dans les écoles primaires. Bien que ne s’intéressant pas à l’enseignement secondaire, à travers Le corps à l’école, discipliné pour mieux apprendre ?, elle théorise la notion de science de l’éducation. Elle soulève plusieurs problématiques intéressantes telles que : la discipline corporelle est-elle nécessaire pour apprendre ? Est-ce bénéfique et propice à la réussite des élèves ou plutôt néfaste et source d’anxiété ? Pour quels élèves une forte discipline est-elle efficace ? Peut-on faire un lien entre les caractéristiques individuelles des élèves (âge, sexe, difficulté scolaire) et l’influence de cette discipline ? Son étude permet d’évaluer l’influence de la discipline corporelle sur les performances en résolution de problèmes.
La place du corps dans l’enseignement est rarement remise en question, les politiques du corps sont parties prenantes dans toutes les relations pédagogiques. Ces présupposés sont questionnant d’un point de vue sociologique puisque les modèles de comportements physiques, cognitifs qui sont empreints de stéréotypes sociaux et sexués sont tacitement véhiculés et intégrés.
Marie Gaussel expose dans son dossier de veille de l’IFÉ que les études centrées sur le corps des élèves en lien avec les conditions de leur accueil dans les établissements du secondaire relèvent principalement de la place du corps dans les espaces scolaires, du développement du corps à l’adolescence et de l’accès à la sexualité. Pour elle, les espaces scolaires assujettissent plus qu’ils accueillent les élèves. Depuis 1882 et Jules Ferry, les locaux scolaires répondent à des normes nationales censées prendre en compte les conditions matérielles de l’accueil du public scolaire, mais s’avèrent finalement plus guidées par les préoccupations rationalistes des concepteurs que vers celles des utilisateurs que sont les élèves. Au cours des années 2000, le concept de bien-être fait son apparition et l’attention se porte alors sur la qualité de vie et son impact sur la motivation et les performances scolaires. Maurice Mazalto définit cette notion comme “une sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques et l’absence de tension psychologique”. Il concerne donc directement les élèves. Les principales représentations sont assez réduites par les équipes éducatives qui semblent plutôt orientées vers des questions hygiénistes et de santé que vers des questions de bien-être plus relationnel. Une bonne santé physique semble donc être garante d’un bien-être physique et la santé est perçue comme une valeur et la représentation sociale dominante du corps. Si l’élève à un corps en bon état de marche, alors la transmission des connaissances est facilitée. Cette définition hygiéniste dresse le portrait d’un bon élève, en bonne santé c’est à dire « organisé, motivé, sans problème psychologique venant le parasiter dans ses acquisitions. Dans cette approche de la santé, le corps qui fonctionne bien est mis en avant avec comme arrière-pensée que ce corps idéal acquiert bien les connaissances » selon Lenoir et Berger. Cette définition pousse à se demander si le corps fait partie de l’être à éduquer ou s’il est seulement un accessoire qui l’accompagne. La normalisation des conduites et postures semble en partie apprise à l’école, dicte des conduites et sanctionne les écarts. Ici, le corps ne doit pas vivre, il doit savoir vivre.
Le lycée : un lieu de contrôle discret mais certain selon Foucault
D’un point de vue plus philosophique, le lycée est également un lieu où les corps sont surveillés, contrôlés et disciplinés. Selon Michel Foucault [5]Philosophe français, auteur de « Surveiller et punir », le lycée est une sorte de dispositif qui permet – de manière plus ou moins explicite et perceptible – de gouverner la conduite des élèves.
Le rôle du lycée est d’arriver à assujettir et contrôler les individus de manière imperceptible, afin de les rendre plus dociles pour les conduire à réaliser des actions selon leur propre volonté. Le contrôle au lycée est extrêmement discret, Foucault théorise la « microphysique du pouvoir » qui sont des actions si infimes et répétées que l’on n’arrive pas à les saisir, créant un pouvoir diffus. En effet, dans l’enceinte du lycée, l’objectif va être de faire un travail sur les corps pour les amener à changer et à s’adapter. On va minutieusement contrôler l’opération des corps en créant un certain nombre de compétences : la présence physique du lycéen en cours, son obligation à être assis et enfin son assiduité par rapport à un emploi du temps qui lui a été imposé. De cette façon, le corps du lycéen est tout à fait contrôlé et surveillé : il ne peut pas quitter le cours quand il le souhaite et l’administration sait toujours dans quelle salle il se trouve. Toutefois, le corps n’est pas contrôlé dans les moindres détails, mais il est inscrit dans un jeu étroit qui le contrôle, en lui laissant tout de même une certaine liberté, ou du moins un semblant de liberté.
Le fait d’être assis en classe ou de devoir respecter un emploi du temps à la lettre sont des dispositifs qui peuvent paraître insignifiants et normaux, mais une fois additionnés, ils finissent pas contraindre et contrôler l’individu – le lycéen. Ce contrôle des élèves pourrait être apparenté à une sorte de dressage : au lycée, les élèves sont rendus plus dociles et sont assignés à une place particulière. Ils sont également répartis dans l’espace, dans des groupes de niveau, afin qu’aucun groupe ne soit formé de façon imprévisible. Au sein de ce dispositif, les lycéens sont mis dans des cases, assignés à une place prédéfinie, ce qui permet de les surveiller.
Tous sont quadrillés, les élèves sont mis dans des tableaux à l’aide de trombinoscopes ou de listes. Chaque membre de l’établissement saura donc qui fait partie de chaque classe, et les lycéens sont ordonnés selon un ordre alphabétique ou selon des résultats obtenus à un examen afin de réaliser des classements.
Ainsi, alors que la place d’un lycéen pourrait être changeante, on lui impose une fixation : il est « mis en case » et c’est un problème selon Foucault. Le lycée va également chercher à normaliser l’individu. Pour cela, des sanctions vont être utilisées, ce sont des micro-pénalités de temps : les retards, les absences, de l’activité, un manque de motivation et de la manière d’être, l’obéissance, la politesse ou les gestes conformes. Foucault explique que le lycéen va être normalisé et hiérarchisé par la punition.
Ainsi au lycée les éléments de pouvoir sont discrets mais visibles : les élèves sont contrôlés pour devenir dociles. Le contrôle des lycéens passe également par un autocontrôle et une surveillance permanente. La génération de cette autodiscipline est très subtile. Les élèves sont contrôlés par des dispositifs, qui sont architecturaux par exemple. En effet, dans une salle de classe, les élèves sont placés dans une disposition telle qu’ils sont tous visibles entre eux et par le professeur. Cette disposition est semblable au panoptique de Bentham [6]Type d’architecture carcérale qui fait en sorte que tous les prisonniers soient toujours potentiellement observés car leur vitre est teintée qui est ici repris par Foucault : il rend possible un regard permanent qui va profondément dicter la conduite des individus. Les élèves vont se surveiller mutuellement, ce qui va générer une forme d’auto-contrôle des individus.
C’est indéniable, au lycée, le corps du lycéen est contrôlé de toute part.
Les discours politiques et les valeurs de la République
L’analyse du discours politique autour de la sanction des corps au lycée est un objet complexe à étudier. En effet, les figures politiques et les instances gouvernementales ne font jamais état directement de sanction ou de contrôle des corps dans leurs institutions, il est davantage question d’une réponse à l’actualité lorsqu’elle met en jeu ces corps. En effet, il apparaît en réaction à des mouvements tels que des manifestations et blocages ou au lundi 14 septembre.

Ce dernier est un mouvement qui dénonce le contrôle vestimentaire sexiste et classiste au lycée, plus précisément l’interdiction de porter des vêtements jugés comme provocants ou renvoyant trop à la banlieue. Les réactions politiques ont été diverses, autant nombre de médias [7]https://www.liberation.fr/debats/2020/09/19/14-septembre-derriere-la-regle-floue-de-la-tenue-normale-se-cachent-les-discriminations_1799917 [8]https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/lundi14septembre-lyceennes-collegiennes-se-mobilisent-contre-discriminations-leurs-tenues-1873332.html [9]https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/15/balancetonbahut-14-septembre-des-jeunes-filles-denoncent-le-sexisme-au-lycee_6052311_3224.html et certaines personnalités politiques comme Marlène Schiappa [10]https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/1305388877394345985 se sont positionnées en soutien du mouvement, ce qui revient à reconnaître le contrôle des corps au sein de l’institution, alors que d’autres à l’instar de Jean-Michel Blanquer l’ont condamné.[11]https://www.bfmtv.com/politique/il-suffit-de-s-habiller-normalement-la-reponse-de-jean-michel-blanquer-au-mouvement-lundi14septembre_AV-202009140358.html
Ce dernier est un mouvement qui dénonce le contrôle vestimentaire sexiste et classiste au lycée, plus précisément l’interdiction de porter des vêtements jugés comme provocants ou renvoyant trop à la banlieue. Les réactions politiques ont été diverses, autant nombre de médias [12]https://www.liberation.fr/debats/2020/09/19/14-septembre-derriere-la-regle-floue-de-la-tenue-normale-se-cachent-les-discriminations_1799917 [13]https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/lundi14septembre-lyceennes-collegiennes-se-mobilisent-contre-discriminations-leurs-tenues-1873332.html [14]https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/15/balancetonbahut-14-septembre-des-jeunes-filles-denoncent-le-sexisme-au-lycee_6052311_3224.html et certaines personnalités politiques comme Marlène Schiappa [15]https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/1305388877394345985 se sont positionnées en soutien du mouvement, ce qui revient à reconnaître le contrôle des corps au sein de l’institution, alors que d’autres à l’instar de Jean-Michel Blanquer l’ont condamné.[16]https://www.bfmtv.com/politique/il-suffit-de-s-habiller-normalement-la-reponse-de-jean-michel-blanquer-au-mouvement-lundi14septembre_AV-202009140358.html
Lors des manifestations et des blocages contre la réforme scolaire, le ministre de l’éducation a décrit un mouvement dangereux, violent, sans limite. En plus des nombreuses interventions médiatiques qu’il a fait et dans lesquelles il décrit toujours une situation dangereuse [17]https://www.20minutes.fr/societe/2389043-20181206-blocages-lycees-jean-michel-blanquer-tente-raisonner-lyceens-suscite-quelques-crispations [18]http://www.ac-creteil.fr/cid136930/manifestations-jean-michel-blanquer-s-adresse-aux-lyceens.html [19]https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/video-manifestations-de-lyceens-ce-mouvement-est-extremement-violent-s-inquiete-jean-michel-blanquer_3085553.html auxquels les élèves ne doivent pas s’exposer, formulation qui met donc la responsabilité sur les élèves s’ils sont blessés en manifestation et qui ignore tout l’aspect politique contre sa réforme, il a également enjoint les CPE à dissuader les élèves d’aller manifester. Ces discours et directives montrent la volonté pour le ministre de contrôler les corps de lycéens et lycéennes et de les empêcher de s’exprimer politiquement, du moins lorsque c’est contre lui. Leurs corps doivent rester dans le cadre scolaire où ils peuvent être contrôlés et où ils sont soumis à la discipline.
En plus du contrôle des corps, il est intéressant d’analyser la manière dont le lycée dirige la pensée politique des élèves avec comme matériel d’étude les discours politiques. Pour ce faire, nous avons analysé le compte Twitter de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des sports, ainsi que des communiqués du ministère de l’éducation nationale et des différentes académies. Il est alors apparu que selon eux le lycée a pour objectif principal de “transmettre les valeurs de la République”. En effet, cette formule apparaît très régulièrement dans les communications concernant le lycée [20]https://twitter.com/jmblanquer/status/1335280322846617600[21]https://twitter.com/education_gouv/status/1336649088444588033 [22]https://twitter.com/AcademieDijon/status/1336588290758160386. On peut alors se demander quelles sont les valeurs de la République mises en avant et pourquoi cette appellation spécifiquement est employée.
Les différentes valeurs de la République sur lesquelles les discours insistent varient en fonction du contexte et des sujets abordés. Ainsi, lorsqu’il s’agit du harcèlement scolaire les élèves et le corps enseignant sont invités à faire preuve de fraternité et de solidarité [23]https://twitter.com/jmblanquer/status/1234954623116554240. Quand il a fallu traiter des conditions d’accueil des élèves dans les lycées, suite à la crise sanitaire, on a alors observé que ce qui est attendu des élèves est une responsabilité individuelle, un respect des consignes et que la question de la sécurité a été largement abordée [24]https://twitter.com/jmblanquer/status/1323172251542446080. Enfin, la mort de Samuel Paty, un enseignant d’histoire-géographie assassiné puis décapité à la suite d’un de ces cours au cours duquel il a montré des caricatures de Charlie Hebdo sur le prophète Mahomet, a donné lieu à un traitement médiatique différent. En effet, à la suite de l’assassinat les valeurs de la République prônées par le discours médiatique et politique étaient alors la liberté (de penser, de conscience, de blasphème), l’unité de la nation française et le respect. [25]https://twitter.com/jmblanquer/status/1323339565210415106
Ces valeurs de la république sont donc nombreuses et il est compliqué de critiquer dans l’absolu l’idée que la liberté, le respect ou la solidarité doivent être enseignés. Cependant le contexte dans lequel ces valeurs sont mobilisés peut être soumis à une analyse critique de même que le choix de parler de la République. Ainsi, prôner la liberté d’expression ou de blasphème au moment d’un événement lié au terrorisme islamiste, et en France où les musulmans et les personnes perçues comme telles sont victimes de discriminations, est une manière d’autoriser un discours haineux et discriminant. De plus, parler des valeurs de la République plutôt que des valeurs démocratiques ou de l’Etat est également un choix politique. En effet, le mot de République est actuellement plutôt ancré vers la droite du spectre politique, notamment avec l’existence du parti Les Républicains. Dans cette optique, définir les lycéens en tant que futurs “citoyens éclairés” [26]le terme apparaît, entre autres, à la fin de ce discours https://www.vie-publique.fr/discours/276801-jean-michel-blanquer-16102020-attaque-terroriste-professeur-dhistoire s’ils suivent “les valeurs de la République” est une façon d’associer la République, et par extension le parti politique, avec une forme de vérité indéniable, de bonne conduite à tenir puisqu’elle est “éclairée”.
Dans le document fait par le Ministère de l’éducation et qui a été fournit aux enseignants, le 2 novembre à la suite du meurtre de Samuel Paty, on peut lire ces différents passages :
« De manière plus générale, il s'agira de veiller à renforcer tout au long de l'année et de la scolarité des élèves le travail en classe sur les valeurs de la République. » « permettre d'accueillir la parole des élèves, de conduire les échanges avec eux, et de leur faire prendre conscience de l'importance des libertés fondamentales et de la liberté d'expression. » Les objectifs de cette matinée sont de : - réaffirmer le rôle irremplaçable de l’École au cœur de la République et dans la transmission de ses valeurs ; - faire comprendre le caractère permanent et inaliénable de la liberté d’expression au cœur de l’État de droit ; - affirmer l’unité de la communauté éducative et la force du collectif républicain la démarche adoptée : installer un climat de confiance pour permettre l’expression des élèves tout en rappelant l’autorité de la loi, des principes républicains, de l’École et du professeur ; Être attentif au « niveau de connaissance » que les élèves ont de l’évènement : certains élèves peuvent n’avoir que des éléments partiels, voire erronés, provenant de sources variées ; d’autres auront entendu des commentaires partiels et militants. Il faut aider à clarifier les termes entendus et répétés. « Les adolescents sont eux exposés à l’information très directement via Internet et les réseaux sociaux. Plus ils sont informés, plus il est nécessaire d’être présent auprès d’eux. Il faut les aider à cadrer leurs réactions et redonner des informations simples sur la loi qui protège la liberté d’expression et pose l’interdit du meurtre ainsi que la nécessité d’être solidaires face à un évènement d’une telle violence qu’elle peut entraîner des réactions en chaîne. Il est important qu’ils sentent que les adultes sont des soutiens solides, tant dans la famille qu’à l’école.
Le vocabulaire utilisé, “faire prendre conscience” “faire comprendre” “accueillir la parole des élèves” “conduire les échange” “leur faire mesurer” met les élèves en position passive, il indique que c’est aux enseignants d’apprendre aux élèves. On retrouve également l’expression d’une volonté de dialoguer, puisqu’on “accueille la parole des élèves”, qu’on “permet l’expression des élèves” et qu’il est fait mention de la “liberté d’expression” mais cette parole est toujours cadrée et si elle est exprimée il n’est pas indiqué de la prendre en considération, de débattre. En effet, on “permet l’expression des élèves tout en rappelant l’autorité […] du professeur”, et il est également question de « réaffirmer » ou d’”affirmer” quelque chose. Ces termes ne laissent pas de possibilité de dialoguer, ils invitent à imposer un avis, celui des directives gouvernementales et du professeur. Les lycéens peuvent s’exprimer mais cela doit rester de l’ordre de l’acceptable, cela doit rester dans le cadre défini de l’avis qu’il convient d’avoir, par exemple il ne doit pas être trop “militant” sinon il faut le clarifier, le rectifier, et s’ils ont un avis qui diffère celui-ci semble nécessairement influencé par l’extérieur.
De plus, le vocabulaire montre une volonté de discipliner, de soumettre avec une démarche autoritaire qui passe par la force. Cela s’observe par l’utilisation de “renforcer” dans lequel on retrouve « force », on parle de renforcer et non d’améliorer ou d’intensifier les cours, il est également mentionné clairement l’existence de “l’autorité” qui est souveraine, ou encore on ”veille à renforcer”, c’est-à-dire qu’on surveille constamment l’obéissance et l’adhésion aux valeurs de la république. Finalement la phrase “affirmer […] la force du collectif républicain” est une formule qui ne désigne aucun groupe précis au sein de l’établissement scolaire donc on peut se demander la pertinence de son utilisation. Selon moi, cet énoncé flou peut désigner le groupe politique des républicains ou le gouvernement, la République, et est utilisé pour donner du crédit et de la légitimité à leurs actions. Si à travers ce document on peut voir une manière d’empêcher le développement d’un discours simpliste ou d’un extrémisme religieux, qui a mené à la situation actuelle, cette redirection des discours peut toutefois aussi être considérée comme une manière de discipliner, cadrer, limiter les discours des adolescents.
Et enfin une chose remarquable par son absence est le manque de mention de l’épanouissement personnel des élèves, le lycée ne semble pas être un lieu d’expression pour que les élèves apprennent à découvrir leur identité mais davantage un lieu où ils doivent se conformer à certains attendus politiques. Si dans le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 on peut lire que “La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture.”, il faut aller chercher l’information alors que les valeurs, la discipline et les attendus projetés sur les élèves sont présents presque systématiquement dans les discours qui traitent du lycée.
Les sanctions et le contrôle des corps
Par les décrets du 5 et 6 juillet 2000, la place de la sanction dans le secondaire change au profit d’une introduction du droit pénal dans le domaine disciplinaire, afin de rappeler « la valeur formatrice et pédagogique » de la sanction. Eirick Prairat, dans L’École face à la sanction, trace le portrait controversé de cette nouvelle école disciplinaire. Nous nous arrêterons sur l’étude de ce texte pour essayer de comprendre les conséquences de la réforme sur le corps étudiant.
Une conséquence importante est la judiciarisation des sanctions, des peines, donc de l’école. Deux régimes punitifs s’imposent avec la loi de 2000 : l’un est d’ordre intérieur, géré par l’instance elle-même, et, appelée « punitions scolaires ». Elle permet de regrouper les sanctions mentionnées dans le règlement intérieur, sont prononcées par un membre du personnel et résultées d’infractions mineures. L’autre, les « sanctions disciplinaires », résultent d’un manquement grave ou d’une atteinte aux personnes et aux biens, elles sont proclamées par le chef d’établissement ou le conseil de discipline ( alors qu’avant le conseil de discipline n’était que rarement convoqué, avec la loi de 2000, on observe une multiplication des conseils et des peines d’exclusion ), et, doivent respecter les grands principes du droit pénal.
On observe par cette différenciation le questionnement autour du besoin d’autorité des personnels enseignants et éducatifs. Bien que l’école puisse se définir comme un des premiers vecteurs des normes sociales que l’individu reçoit, elle peut aussi se concevoir comme une normalisation ( dans le sens, de respect de la norme du plus grand nombre ) des pratiques individuelles dominantes. On retrouve dans le besoin grandissant d’autorité, qui en recours aujourd’hui au droit pénal, un bouleversement toujours plus important des normes dominantes par le corps écolier. Alors que les règlements ou peines sont décidés lors de comités privés et jamais avec les corps associatifs extérieurs pouvant défendre les intérêts des étudiants du secondaire, on peut se questionner sur la légitimité de ses sanctions. En effet, si celles-ci doivent permettre aux valeurs républicaines et pédagogiques de se répandre dans le corps étudiant, comment expliquer le rejet des institutions de statuer, avec ce corps là, sur leurs propres sanctions?
Ainsi, par le rejet de la classe institutionnelle d’un dialogue avec le corps étudiants ou ses défenseurs, l’école et ses sanctions perdent en légitimité et ne retrouvent force que dans l’intervention du droit pénal dans l’enceinte scolaire. Effectivement, bien que mineurs, les élèves doivent répondre à certaines normes législatives pour permettre le vivre-ensemble et le respect des autres. Mais, l’accentuation de la violence des sanctions, et de leur régularité, augmente toujours un peu plus le sentiment d’injustice des élèves face à des sanctions dont ils ne comprennent pas réellement le sens, mais en ressentent les conséquences. Benjamin Moignard montre que l’exclusion temporaire pour gérer des désordres scolaires est massivement utilisée, alors qu’elle était théoriquement prévue à caractère exceptionnel. Faut-il, alors, voir dans cette utilisation massive une montée de la délinquance dans le corps étudiant ? Ou bien, faut-il se questionner sur les conséquences, et les symboles de cette utilisation ?
L’exclusion temporaire et permanente sont pour moi remplie de signification. Rien de plus explicite que de renvoyer chez lui l’élève qui s’est mal conduit, seulement pour des troubles mineurs, et lui dire : tu n’appartiens pas au même corps que nous, nous l’excluons. On retrouve ainsi, avec l’exclusion la rhétorique de l’appartenance à la norme dominante véhiculée par l’école; Toute personne ne se rattachant pas à ces principes normés et normalisés est exclue et n’en fait plus partie. De nombreux exemples, plus ou moins récents, montrent la fragilité du consensus institutionnel par rapport aux normes dominantes et aux sanctions qui les accompagnent. L’exemple d’Alexis dans un lycée d’Albi dans le Tarn, qui a été convoqué par la CPE pour avoir porté du maquillage, a été puni pour tenue non-réglementaire. C’est, par cet exemple qui renverse le principe de stéréotypes de genre et sa binarité, aussi l’exemple de bon nombre de personnes trans qui se font convoquer par les directeurs d’établissement pour un rappel à la réglementation des tenues vestimentaires.
La sanction à l’école ne peut être, dans son analyse, dissociée du groupe qui la crée. La création de la sanction par la classe dominante résulte d’un besoin de protection des valeurs patriarcales et capitalistes par le corps éducatif, il trouve ainsi dans ses sanctions le principe de légitimité tant fantasmé. Ce besoin fantasmé par la classe dominante prouve indéniablement sa fragilité et les tensions toujours plus palpables autour de son existence. L’école doit ainsi être vue comme véhicule des normes dominantes, par ses institutions, ses programmes et ses sanctions, et, doit reconnaître les carcans qu’elle impose aux corps écoliers, collégiens et lycéens.
Une autre perspective : être ou ne pas être hétéro à l’école
Podcast : Camille, Episode 3, A l’école, être hétéro ou ne pas être.
L’école est hétéro, construite historiquement sur la séparation des filles et des garçons même si elle est acutellement mixte. Elle met en scène des normes de genre et des normes liées à la sexualité. Elle fait également la présomption de l’hétérosexualité et la différenciation entre les genres.
Par exemple, les vestiaires et les toilettes sont des lieux fortement genrés et séparés en fonction du genre assigné à la naissance. La séparation entre filles et garçons s’appuie sur un principe de base : l’attirance entre les deux genres, qui est construite sur la prémisse de l’existence de 2 manières d’être uniques : garçon ou fille. Et nécessairement il y aurait une attirance entre les deux (hétérosexualité). Alors qu’on pourrait par exemple mettre en place l’idée de 3 vestiaires : mixte, féminin, masculin.
Mais à la place on va se changer avec les filles d’un côté et les garçons de l’autre, on va codifier la longueur de la jupe, la longueur d’un débardeur, les vêtements des filles. Le corps de la fille est si attirant qu’on doit le couvrir sinon les garçons vont vouloir le toucher. Au lieu de réprimander les garçon on cherche à uniformiser et cacher les corps des filles.
Et ce contrôle des corps est présent dans toutes les écoles, il n’est pas forcément marqué dans les règlements, notamment le corps des garçons qui ont l’interdiction de porter de vêtements « féminins ». Sinon ils ont une remise à l’ordre soit par la hiérarchie soit par leurs collègues masculins.
Il s’opère une sorte de police du genre qui se fait formellement et informellement (interactions entre élèves et élève/prof). La sexualité devient un sujet d’intérêt, de positionnement entre ados, enfin l’hétérosexualité surtout plus que les autres. Le jeu du genre se fait par la preuve de son hétérosexualité et les autres élèves sont invisibilisés.
Ce qui se donne à voir par défaut c’est l’hétérosexualité, dans les programmes scolaires, dans les représentations. Dans l’analyse de contenu, l’hétérosexualité on en parle en marge des contenus formels.
Il y a néanmoins deux incontournables des programmes où la question homoseuxelle est mentionnée : le risque accru aux MST/IST et le risque d’homophobie (holocauste, etc). Ce sont des mentions qui sont véridiques et nécessaires mais si on ne parle que dans des contextes négatifs alors on a l’idée que les homosexuels sont des victimes, qu’ils sont différents, on ne travaille pas dans le sens d’une véritable inclusion.
L’éducation à la sexualité véhicule 3 types de message : il n’existe que 2 genres et 2 types de corps qui se correspondent, sur la base de notre corps on nous attribue une série de préférences, habiletés, comportements et la présomption de l’hétérosexualité. Elle confine les élèves hétéro à des carcans très stricts en matière de féminité et de masculinité.
Conclusion
Le lycée, c’est une ancienne institution qui a toujours voulu former une élite en leur transmettant des valeurs préalablement déterminées : si auparavant cet objectif était clairement annoncé, aujourd’hui le lycée se veut plus inclusif, plus tolérant ; pourtant, les valeurs n’ont pas disparu, et le parfait citoyen est désormais contrôlé via des mécanismes de sanctions qui taisent leur nom, afin d’instaurer un idéal hétéronormé, dressé, mis en case, capable de s’auto contrôler, portant en son sein les saintes valeurs de la République sous peine de sanction, d’exclusion de l’établissement – et donc, par extension, d’exclusion de la société.
A ce propos et depuis plusieurs années, le gouvernement a lancé un « pic repérage » auquel différentes structures ont répondues présentes ; le but est de repérer et de prendre en charge, à travers un appel à projet aux allures vaguement humanitaires et salvatrices, des jeunes appelés « invisibles » c’est à dire en décrochage scolaire et inconnus de services publics de l’emploi. En outre, L’État est effrayé par la perspective que des jeunes gens – donc futur citoyens, futurs électeurs, représentant de la nation française – puissent échapper à leur contrôle, cherchant ainsi activement à les retrouver et à les replacer dans leurs cases prédéfinies afin qu’ils ne perdent pas foi en la République. L’éducation nationale, à la fois par son institution mais aussi par ses établissements, est donc un lieu d’assujettissement et de formatage qui permet de concentrer et de contrôler ses futurs citoyens.
POUR ALLER PLUS LOIN :
- Patrick Baudry, Violences Invisibles, corps monde urbain, singularité , éditions du Passant, 2004
- Elsa Dorlin, Se défendre. Une philosophie de la violence. , éditions Zones, 2017
- Michel Foucault, Surveiller et punir , éditions Gallimard, 1975
- Michel Foucault, Naissance de la biopolitique (1978-1979) : Cours au Collège de France , Paris, EHESS, Gallimard, Le Seuil, coll. « Hautes études », 2004
- Eirik Pairat, L’école face à la sanction Punitions scolaires et sanctions disciplinaires, 2005
- Wikipédia, Le lycée en France
Notes